Bel aubepin verdissant,
Fleurissant
Le long de ce beau rivage,
Tu es vestu jusqu’au bas
Des longs bras
D’une lambrunche sauvage.

Deux camps drillantz de fourmis
Se sont mis
En garnison soubz ta souche:
Et dans ton tronc mi-mangé
Arangé
Les avettes ont leur couche.

Le gentil rossignolet
Nouvelet,
Avecque sa bien aymée,
Pour ses amours aleger
Vient loger
Tous les ans en ta ramée :

Dans laquelle il fait son ny
Bien garny
De laine & de fine soye,
Où ses petitz s’eclorront,
Qui seront
De mes mains la douce proye.

Or’ vy gentil aubepin,
Vy sans fin,
Vy sans que jamais tonnerre,
Ou la congnée, ou les vens,
Ou les tems
Te puissent ruer par terre.

dit par Robert MANUEL (extrait)

Pierre de RONSARD (La Nouvelle continuation des Amours, 1556)