Te regardant assise aupres de ta cousine,
Belle comme une Aurore, & toy comme un Soleil,
Je pensay voir deux fleurs d’un mesme teint pareil,
Croissantes en beauté sur la rive voisine,
La chaste, saincte, belle & unique Angevine,
Viste comme un esclair, sur moy jetta son oeil :
Toy comme paresseuse, & pleine de sommeil,
D’un seul petit regard tu ne m’estimas digne.
Tu t’entretenois seule au visage abaissé,
Pensive tout à toy, n’aimant rien que toymesme,
Desdaignant un chascun d’un sourcil ramassé,
Comme une qui ne veut qu’on la cherche ou qu’on l’aime
J’euz peur de ton silence, et m’en-allay tout blesme,
Craignant que mon salut n’eust ton oeil offensé.
dit par André NERMAN
Pierre de RONSARD (Sonets pour Hélène, 1578)