J’ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leur grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux ,
Mêlaient d’une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant, reflété par mes yeux.
C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes
Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs ,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes ,
Et dont l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir.
dit par Pierre BLANCHAR
Charles BAUDELAIRE (Les Fleurs du mal, 1857)