Sur le printemps de ma jeunesse folle,
Je ressemblais l’arondelle qui vole,
Puis çà, puis là: l’âge me conduisait
Sans peur ni soin, où le coeur me disait.
En la forêt, sans la crainte des loups,
Je m’en allais souvent cueillir le houx,
Pour faire glu à prendre oiseaux ramages,
Tous différents de chants et de plumages ;
Ou me soulais, pour les prendre, entremettre
A faire brics, ou cages pour les mettre ;
Ou transnouais les rivières profondes,
Ou renforçais sur le genou les fondes,
Puis d’en tirer droit et loin j’apprenois
Pour chasser loups et abattre des noix.
Oh! quantes fois aux arbres grimpé j’ai,
Pour dénicher ou la pie ou le geai,
Ou pour jeter des fruits jà mûrs et beaux
A mes compaings, qui tendaient leurs chapeaux !
Aucunes fois, aux montagnes allais,
Aucunes fois aux fossés dévallais,
Pour trouver là les gîtes des fouines,
Des hérissons ou des blanches hermines,
Ou, pas à pas, le long des buissonnets,
Allais cherchant les nids des chardonnets,
Ou des serins, des pinsons ou linottes.
Déjà pourtant, je faisais quelques notes
De chant rustique, et dessous les ormeaux,
Quasi enfant, sonnais des chalumeaux. […]
dit par Pierre DUX