Les fenouils m’ont dit : Il t’aime si
Follement qu’il est à ta merci ;
Pour son revenir va t’apprêter.
— Les fenouils ne savent que flatter !
Dieu ait pitié de mon âme.
Les pâquerettes m’ont dit : Pourquoi
Avoir remis ta foi dans sa foi ?
Son coeur est tanné comme un soudard.
— Pâquerettes, vous parlez trop tard !
Dieu ait pitié de mon âme.
Les sauges m’ont dit : Ne l’attends pas,
Il s’est endormi dans d’autres bras.
–O sauges, tristes sauges, je veux
Vous tresser toutes dans mes cheveux…
Dieu ait pitié de mon âme.
dit par Simone VALLERE
Jean MORÉAS (>Poésies, 1886-1896)