Ce sont les anges qui préparent
Les boules bleues de la lessive,
Aussi les blanchisseuses lavent
A genoux dans le lavoir.
Puis tordent les ailes de linge
Puis suspendent partout des anges.
Comme l’ange et comme Jacob,
Femmes et anges se battent,
Se tirent les cheveux, les robes,
A pleines mains, à quatre pattes.
Le lavoir est un lieu cruel ;
Parfois on se démet la hanche.
Mais toujours reviennent les anges
Apporter les boules de ciel.
Batteuses d’anges, de tapis,
Prenez garde à vos alliances !
Car les anges sans surveillance
Sont pis encore que des pies.
dit par Jean MERCURE
Jean COCTEAU (Opéra, 1925-1927)