-Comme on voit sur la branche au mois de May la rose
En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’Aube de ses pleurs au poinct du jour l’arrose :
-La grâce dans sa fueille, et l’amour se repose,
Embasmant les jardins et les arbres d’odeur :
Mais battue ou de pluye, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose :
-Ainsi en ta premiere et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.
-Pour obseques reçoy mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de laict, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses.

dit par Jean-Louis JEMMA

Pierre de RONSARD (Sur la mort de Marie, 1578)