Rien ne m’effraye plus que la fausse accalmie
   d’un visage qui dort ;
Ton rève est une Egypte et toi c’est la momie
   Avec son masque d’or.

Où ton regard va-t-il sous cette riche empreinte
   D’une reine qui meurt,
Lorsque la nuit d’amour t’a défaite et repeinte
   Comme un noir embaumeur ?

Abandonne ô ma reine, ô mon canard sauvage,
   Les siècles et les mers ;
Reviens flotter dessus, regagne ton visage
   Qui s’enfonce à l’envers.

dit par Jean MERCURE

Jean COCTEAU (Plain-chant, 1923)