-Vous y dansiez petite fille
-Y danserez-vous mère-grand
-C’est la maclotte qui sautille
-Toutes les cloches sonneront
-Quand donc reviendrez-vous Marie

-Les masques sont silencieux
-Et la musique est si lointaine
-Qu’elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
-Et mon mal est délicieux

-Les brebis s’en vont dans la neige
-Flocons de laine et ceux d’argent
-Des soldats passent et que n’ai-je
-Un coeur à moi ce coeur changeant
-Changeant et puis encor que sais-je

-Sais-je où s’en iront tes cheveux
-Crépus comme mer qui moutonne
-Sais-je où s’en iront tes cheveux
-Et tes mains feuilles de l’automne
-Que jonchent aussi nos aveux

-Je passais au bord de la Seine
-Un livre ancien sous le bras
-Le fleuve est pareil à ma peine
-Il s’écoule et ne tarit pas
-Quand donc finira la semaine

dit par l’auteur

Guillaume APOLLINAIRE (Alcools, 1913)

© 1920 Editions Gallimard