Je vis, je meurs : je me brule et me noye.
-J’ay chaut estreme en endurant froidure :
-La vie m’est et trop molle et trop dure.
-J’ai grans ennuis entremeslez de joye :
Tout à un coup je ris et je larmoye,
-Et en plaisir maint grief tourment j’endure :
-Mon bien s’en va, et à jamais il dure :
-Tout en un coup je seiche et je verdoye.
Ainsi Amour inconstamment me meine :
-Et, quand je pense avoir plus de douleur,
-Sans y penser je me treuve hors de peine.
Puis, quand je croy ma joye estre certeine,
-Et estre au haut de mon désiré heur,
-Il me remet en mon premier malheur.

dit par Maria CASARES

Louise LABÉ