Il est enturbanné de soleil
vêtu d’une robe de scorpion
chaussé d’épines
Il s’appuie sur la vipère fourchue
Il a domestiqué l’essuf
La mort s’écarte de son sentier

Devant les montagnes de feu s’effondrent
Derrière lui le tapis de la terre s’enroule

Son chemin est tracé par la soif
comme le jet ébloui de l’étoile filante
Au-delà des abîmes
son appui murmure sans trêve
Toi crête de l’univers
sois cheville
et tête de la pyramide

Hier l’armée d’acier a brûlé sa tente
La sécheresse a balayé ses enclos

Sa femme est au puits
drapée de chiffons gris
grimaçante sinistre
visage enduit de cendres
tresses dénouées
veuve fantôme

Ses enfants plient genoux
dans le marécage du venin
Creux de la famine
Entraves de la misère
Couches galeuses
Couvertures de vermines

Pâturages champs clos
Tornades de fumée
Ses chemins s’entassent dans les filets cloutés
mis en cellule
boîtes de conserve

Le nomade entre dans la cité
pour acheter trois mesures de blé
Ceux qui vénèrent le béton
lui crachent au visage
lui jettent dans le dos
les os de ses moutons
Hurlements de la ville
Sois maudit nomade
renard voleur pillard traître
sauvage compagnon de l’araignée
frère du chameau

Il quitte le marché
pour les étoiles
indifférent exalté
il n’entend que le son de ses pas
poussière qui l’enveloppe
violon qui harmonise
en un seul son
le passé et le futur
boucle inondant
l’instant présent

Au-delà de ce temps
il regarde
et accompagne le jet des âmes
qui débordent la vie
pour la tente d’Inta
et l’aridité d’Abat
où l’existence devient mousse de lumière
dans l’océan des mirages miroirs

Il retourne à ses plaintes en chantant
mélodie de l’errance

A celui qui ne crache pas sur le déshonneur
demain les contraintes crèveront les yeux
Pour qui ne s’est pas défié
des chaînes de la servitude
les nœuds ne se démêleront pas
qui attachent la trousse des délices
de la graine étincelle