La musique souvent me prend comme une mer !
-Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
-Je mets à la voile ;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
-Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
-Que la nuit me voile ;

Je sens vibrer en moi toutes les passions
-D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions

-Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, — grand miroir
-De mon désespoir !

dit par Loïza Nellec MILES

Charles BAUDELAIRE (Les Fleurs du mal, 1857)