À André Rouveyre.

Feu d’artifice en acier
Qu’il est charmant cet éclairage
-Artifice d’artificier
Mêler quelque grâce au courage

Deux fusants
Rose éclatement
Comme deux seins que l’on dégrafe
Tendent leurs bouts insolemment
IL SUT AIMER
-quelle épitaphe

Un poète dans la forêt
Regarde avec indifférence
-Son revolver au cran d’arrêt
Des roses mourir d’espérance

Il songe aux roses de Saadi
Et soudain sa tête se penche
Car une rose lui redit
La molle courbe d’une hanche

L’air est plein d’un terrible alcool
Filtré des étoiles mi-closes
Les obus caressent le mol
Parfum nocturne où tu reposes
-Mortification des roses

dit par Jacques DUBY

Guillaume APOLLINAIRE (Caligrammes, 1918)