Un petit roseau m’a suffi
Pour faire frémir l’herbe haute
Et tout le pré
Et les doux saules
Et le ruisseau qui chante aussi ;
Un petit roseau m’a suffi
A faire chanter la forêt…

Il m’a suffi
De ce petit roseau cueilli
A la fontaine où vint l’Amour
Mirer un jour
Sa face grave
Et qui pleurait,
Pour faire pleurer ceux qui passent
Et trembler l’herbe et frémir l’eau ;
Et j’ai, du souffle d’un roseau,
Fait chanter toute la forêt.

dit par Jean PIAT

Henri de RÉGNIER (Les Jeux rustiques et divins, 1897)